Alfred Boucher (1850-1934) “Au But”
Sculpture en bronze à patine noire
Signée A.Boucher
Fondeur Siot Paris
Circa 1920
Alfred Boucher conçoit Au But, son œuvre la plus célèbre, en 1886. Trois hommes presque nus, corps tendus, mains en avant, visage crispé par l’effort, sont représentés dans une course effrénée. Au point de déséquilibre, les trois corps semblent dérouler un même mouvement.
Boucher s’inscrit pleinement dans les réflexions des artistes de son temps sur la représentation du mouvement : désormais des médecins enseignent l’anatomie à l’École des beaux-arts, faisant profiter les élèves des dernières découvertes scientifiques. C’est aussi la chronophotographie qui révolutionne l’approche des artistes. Ce système de prise de vue en rafale, révolutionnaire, permet de saisir les différentes phases d’un mouvement comme la course, et de les décomposer.
Alfred Boucher fait partie des nombreux artistes qui s’en inspirent. Cependant, il ne prétend pas faire œuvre scientifique : il cherche à rendre l’impression de rapidité et de fulgurance par une position en extension, qui en réalité n’est pas tenable. Avec modernité, Boucher choisit ici des poses outrées et superpose les corps : de cette manière il suggère la course avec beaucoup de force, plus qu’il ne la représente fidèlement.
Avec Au But, Boucher devance le grand mouvement sportif des années 1890 et l’organisation des Jeux Olympiques en 1896. Son œuvre connaît un immense succès puisqu’elle est récompensée d’une médaille au Salon de 1886 puis d’une médaille à l’Exposition Universelle de 1889. L’original, mesurant plus de 2 mètres de haut et présenté au jardin du Luxembourg, a disparu pendant la Seconde guerre mondiale.), tandis que des réductions sont diffusées par Ferdinand Barbedienne et, durant le premier tiers du XXe siècle, par Siot-Decauville.
Alfred Boucher, issu d’un milieu modeste, se forme au contact du sculpteur nogentais Marius Ramus. Grâce à Paul Dubois, le jeune homme entre à l’École nationale des beaux-arts en 1869. Malgré ses échecs au prix de Rome, il séjourne en Italie en 1877-1878 et en 1883-1884 tout en exposant régulièrement au Salon des artistes français. Récompensé à l’Exposition universelle de 1889, il exécute l’un des groupes de la façade du Grand Palais pour l’Exposition de 1900. Répondant aux commandes officielles et portraiturant notables et aristocrates, il réalise plusieurs monuments commémoratifs entre 1887 et 1925. Il ouvre, en 1902, La Ruche des Arts à Montparnasse où se côtoient Fernand Léger, Chaïm Soutine et Amedeo Modigliani.
Bibliographie
Piette Jacques, Alfred Boucher1850-1934. L’œuvre sculptée, catalogue raisonné
Paris, 2013
cité page 128
Le Guide. Chefs-d’oeuvre du musée des Beaux-Arts de Reims
Paris, 2017
Julien Maxence, notice “Au But”, page 166, reproduction couleur page 167.
Mazeppa, autour des orientales de Victor Hugo
Reims, 2002
reproduction couleur
Alfred Boucher 1850-1934 “sculpteur – humaniste”
Saint-André-les-Vergers, 2000
reproduction couleur (détail sur la couverture), n° 39 a notice et reproduction couleur page 46