Emile-Joseph CARLIER (Cambrai,1849-Paris, 1927), d’après- L’Amour Indécis, 1894. Epreuve en bronze à patine brune nuancée finement modelée représentant, gracieusement agenouillée sur des nuées dissimulant son carquois à empennage de flèches, une ingénue figure enfantine aux formes dénudées auréolées d’un virevoltant drapé portant près de son visage illuminé d’un sourire mutin l’index de sa main droite – invitant au Silence- et, maintenant, lové en sa main gauche, le trait qu’il médite de décocher sur sa prochaine Cible dès lors désarmée et vulnérable .Signée « Carlier »en creux au dos de sa terrasse, cette statuette « d’une inspiration charmante » est soclée sur une base circulaire moulurée en marbre Campan rubané foncé d’un cerclage en bronze doré.
Fonte d’Edition ancienne sur un modèle créé par l’artiste-sculpteur autour des années 1894-1896
Ecole de Sculpture Française de la seconde moitié du XIXe -début du XX e siècle
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Entre Amour et malice:
Avec L’Amour Destructeur *présenté au Salon des Artistes Français de 1894, cette « étude d’enfant jolie au possible » (H.Malo, 1894) titrée L’Amour indécis *augure d’une période au cours de laquelle Emile J. Carlier, alors au faîte de sa carrière officielle, s’affranchit de ses théâtraux groupes à grave sujet allégorique** dont » la science du nu masculin mise à contribution par une imagination réfléchie dans des compostions expressives et savamment équilibrées » lui octroyèrent lors des manifestations nationales et Expositions Universelles récompenses, distinctions et renommée . Tout en se vouant dès lors à chanter en « des oeuvres pleines d’une grâce diaphane où triomphent la souplesse, la majesté ou l’eurythmie révélant une perception plastique des plus aigues »(P.Petit, 1927) la beauté féminine **, le sculpteur cambrésien se complaira à modeler, à l’instar de ses émérites confrères (L.E. Barrias, E. Boisseau, G.Deloye, les frères Moreau), dans l’esprit badin et aimablement raffiné du XVIIIe siècle, des statuettes « d’une inspiration charmante »qu,de par leurs tournures tout « aussi séduisantes que décidées »,obtiendront les suffrages « des habitués du Salon et des critiques d’art ».
Non sans affinités avec le célébrissime Amour, dit L’Amour menaçant (statue marbre, Paris, Louvre, Inv. R.F 296) conçu par E.M. Falconet (1716-1791) en 1755 pour la favorite de Louis XV, Me de Pompadour dont il constitue sur un mode personnel une spirituelle adaptation, L’Amour Indécis de Carlier séduit par sa composition d’un naturel bien senti,son élégance et alacrité formelle comme par son caractère délicieusement mutin.
La sanyète est amusante et des plus agréables: personnifié sous les traits ingénus d’un jeune enfant ailé posté sur des nuées dissimulant son carquois, une main retenant un trait, l’autre près de son visage ceint d’un bandeau relevé sur le front intimant au silence, L’Amour se tient en embuscade. Surprise, sa vulnérable « victime » n’échappera au tendre et riant Messager de Vénus ou de façon plus profane des cieux.
Un joli modèle qui fait sourire tout un chacun.
*Le Destructeur: présentée en plâtre au Salon des Artistes Français de 1894, puis en marbre à celui de 1896 (n°3302) , cette statuette figurant , dans le goût Pompadour, un bambin assis sur un coussin moelleux et s’amusant à déchirer une à une les pages d’un grand livre obtiendra le Prix Eugène Piot décerné par l’Académie des Beaux-Arts récompesant une sculpture représentant un enfant nu agé de 8 à 11 mois. L’Amour Indécis: éditée en deux dimensions par la Société des Bronzes d’Art de Paris .
** Gilliat saisi par la Pieuvre (1879)., L’Homme Avant l’Age de Pierre ( 1881), Fraternité : L’Aveugle et le Paralytique ( 1883), La Famille (1886) – Le Miroir (1897), Le Jour et La Nuit (1897), La Musique et La Danse profane (1904), Jeunesse , Diane Chasseresse (1912), La Vague (1913), Pannyre aux talons d’or (1914)…
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Littérature liée: Bénèzit, Dictionnaire critique et documentaire des Peintres, Sculpteurs, .., Paris: Grund, 1966, T. 2, p. 317;- Kjellberg, Pierre, Les Bronzes du XIIXe siècle. Dictionnaire des Sculpteurs, Paris: Ed;de L’Amateur, pp. 173-174; -Langlade, Emile, « Joseph Carlier, in: Les Artistes de mon Temps, Vol. 3, 1929-1938, pp.9-23; -Malo, Henri, Le Salon des Champs-Elysées, in: Revue du Nord de la France, 1ier Janvier 1894,p.346; –Peignè, Guillaume, Dictionnaire des Sculpteurs Néo-Baroques, Paris: CTHS, 2012, pp. 92-101.;-; -Petit, Paul, « Emile-Joseph Carlier, 1849-1927, in Retrospective des oeuvres du statuaire E.Jh. Carlier, Amis de Cambrai, 1928,pp. 11-17
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Signature et marques: Signé au revers de la terrassr: « Carlier ».Non daté
Matériaux: Bronze patiné.Ceclage en bronze doré:. Marbre de Campan rubané.
Dimensions: Bronze: H.: 20 cm; Hauteur totale avec socle.: 23, 5 cm- Diamétre du socle: 13 X13 cm.
Ecole de Sculpture Française du XIXe- début XXe siècle