Huile sur toile.
Nous faisant face assis de trois quart, Charles Ier de Lorraine (1571 – 1640), quatrième duc de Guise, est ici portraituré à l’hiver de sa vie. Son regard est celui d’un homme fier d’avoir suivi ses principes, bien qu’ils lui en coûtassent son exil à Florence. Ici représenté en chef militaire dans une armure en fer noirci damasquiné d’or, son statut de guerrier n’est nullement usurpé. L’assassinat de son père, Henri de Lorraine dit le Balafré, ordonné par le roi de France Henri III l’ayant propulsé tôt dans les intrigues de cour, le tumulte des conflits le poursuivra toute sa vie alors qu’il vainquit la Ligue sur terre et triompha des Huguenots sur mer. Ce portrait attribué à Justus Sustermans, peintre des Médicis, peut être rapproché d’une version analogue datée de 1637 et conservée aux Offices à Florence. Dans notre tableau, le peintre flamand inverse le sens de la composition en orientant le buste de Charles Ier vers la droite. Si les deux versions le dépeignent dans la même armure, le col blanc à rabat de notre peinture couvre plus largement son buste et présente une dentelle moins abondante. Néanmoins, l’écharpe blanche de notre tableau offre un surcroît de détails floraux accrochant la lumière. Selon la mode de son époque, le quatrième duc de Guise arbore la barbiche à la royale et la moustache en croc. Pour couronner le tout, la peinture est sublimée par son puissant cadre toscan en bois sculpté et doré.
Si les premières œuvres de Sustermans traduisent l’influence de Pourbus, il adopte rapidement une manière plus florentine. Sa palette chromatique s’éclaircit dans les années 1630 et sa touche devient plus libre. Ce changement de style peut s’expliquer par l’arrivée de nombreuses peintures vénitiennes à Florence, participant ainsi à la propagation du goût pour le colorito au sein de l’élite. Toutefois, il demeure sensible à l’art de son pays d’origine, les Flandres, comme en témoigne sa commande d’un tableau des Horreurs de la guerre de Rubens en 1638. Conjuguant la manière naturaliste des flamands et les influences italiennes, Sustermans parvient à restituer le vibrant portrait d’un paladin vieillissant mais demeuré stoïque.
Il y a quelques mois, la galerie proposait un portrait au riche pédigrée représentant Roger de Lorraine, chevalier de Guise, qui n’était autre que le fils cadet de Charles Ier mort sur le champ de bataille à l’âge de 29 ans.
Provenance : Ancienne collection toscane
Dimensions : 64,5 x 47 cm – 91 x 74 cm avec le cadre
Biographie : Justus Sustermans (Anvers, 28 sept. 1597 – Florence, 24 avril 1681) est un peintre flamand qui effectue la majeure partie de sa carrière en Italie. Apprenti de Willem de Vos, il arrive en Italie en 1620 où il est vite repéré pour son talent de portraitiste. En 1622, il se met au service de Cosme II de Médicis. Devenu peintre à la cour, il fonde un atelier prolifique et peint les plus grandes personnalités de son temps, telles Galilée ou Marie Madeleine d’Autriche, dont les portraits sont aujourd’hui conservés aux Offices à Florence. Malgré un début de cécité dans les années 1670, il continue à peindre jusqu’à sa mort. Sa virtuosité sera louée par le biographe contemporain Baldinucci.
Bibliographie :
– BAUTIER, Pierre, Juste Suttermans : peintre des Médicis, Bruxelles, G. van Oest & Cie, 1912.
– POULL, Georges, COLLIN, Hubert, La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d’Autriche, de Hongrie et de Bohême, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1991.
– Sustermans : sessant’anni alla corte dei Medici, (cat. exp., Firenze, Palazzo Pitti, Juillet -Octobre 1983), Florence, Centro Di, 1983.
Style | Louis XIII |
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Siècle | 17ème Siècle |
Type d'Objet | Antiquités |