Gainé sur son corps de forme rectangulaire bombée à pans arrondis d’un cuir Bleu-nuit, cet attrayant comme fort intéressant Ecrin à Eventail offre sur son plat supérieur, incrusté, un onirique décor d’inspiration Japonisante réalisé en métal doré regravé.
Ponctué sur ses côtés de fins branchages de Bambou, celui-ci est discrétement animé de Grues voletant ailes déployées ou à l’affût de menues proies .Se détachant sur des nuées au graphisme sinueux et ondulant , l’emblématique Disque de l’Empire du Soleil-Levant « peaufine » cette petite composition recourant aux motifs de la flore et faune caractéristiques de l’esthétique japonaise traditionnelle.
Serti sur son pourtour d’un double jonc, il ouvre à charnières par un bouton-pressoir latéral découvrant un intérieur foncé d’un lumineux taffetas de soie damassé de couleur mordorée à élégants motifs imbriqués de feuillages et fleurettes stylisés. Deux bagues de maintien centrées d’une fleur exotique à pétales rayonnants plissés confèrent raffinement et préciosité à cet Ecrin doté de soufflets.
Travail parisien ou Européen d’inspiration Japonisante du dernier tiers du XIXe siècle. Circa 1880
———
A la confluence des arts décoratifs et de ces petits meubles, objets de « fantaisie artistique » proposés entre autres,à partir des années 1860, par des Maisons parisiennes de renom telles que celles de L’Escalier de Cristal ,d’ A.Giroux ou de la Veuve Duvinage, ce séduisant Ecrin à Eventail illustre par le plaisant onirisme de son décor la vogue du Japonisme sévissant en France et en Europe depuis l’Exposition Universelle de 1867 et ce, jusqu’au tournant du siècle.
Plus spécifiquement associé à l’univers enchanteur de la Mode, parure et accessoires de l’Elégance féminine ( bijoux, nécessaires, éventails,..), il ravive le souvenir des luxueuses et chamarrées créations des grands couturiers de ces fastes décennies -Frédéric Worth vers 1880 à à Mario Fortuny dans les années 1910 en passant par celles de Vitaldi Babini (1890) ou Paul Poiret (1900)- élaborées à partir des formes, motifs du traditionnel Kimono japonais . Tout comme les artistes, les « Japonistes » aimait à parer , à orner de cet exotique costume leurs modèles ou leurs Cabinets de Curiosités dédiés à l’inventive esthétique du « Monde Flottant », les Elégantes égéries ou Dames de la bourgeoisie parisienne se plaisaient à paraître en public – à l’occasion de Bals costumés- ou en privé- comme tenu d’intérieur- en ce vétement d’origine lointaine convoité dès les années 1860 auprès de la boutique d’art oriental de Mme Louise Desoye.
En 1878, dans son premier article sur « Le Japon à Paris », Ernest Chesnau remarquait : « Pendant quelques saisons la toilette des femmes s’est inspirée de celle des Japonaises, elle en conserve encore quelques façons ». Cette brève considération ne présageait pas du bel avenir du Japonisme. L’Ecrin à Eventail présenté s’inscrit en cette mouvance vestimentaire et, dut compléter à ravir quelque tenue choisie.

———————–
Matériaux: Cuir à fond Bleu-Nuit; Laiton et cuivre doré regravé incrusté; taffetas de soie
Dimensions: fermé: H.: 9 cm;-Longueur: 36 cm;- L.: 3 cm.
Travail parisien ou Européen d’inspiration japonisante du dernier tiers du XIXe siècle, Circa 1870-1880
Bon Etat génèral (usures d’usage notamment au niveau du soufflet). Bel Etat intérieur