Le XVIIIe siècle retrouvé.-Exquise garniture de cheminée de style Louis XVI en bronze doré soigneusement ciselé et faience émaillée à fines craquelures parée sur fond blanc à rehauts or de paysages bucoliques, scènes galantes, chèrubins, trophées et guirlandes fleuries traités en douce polychromie.
Réalisée sur l’initiative d’Henri-Louis Riondet, directeur des Magasins du Comptoir Général, notoire Maison parisienne de bijouterie et d’horlogerie, celle-ci se compose:
-d’une « pendule-vase »- Embellie d’une monture en bronze doré mariant avec une touche d’élégante féminité motifs ciselés d’inspiration néo-classique, floraux ou encore rubanés, elle adopte la forme d’un vase ovoide couvert sur pièdouche sommé d’un frétel en pomme de pin et scandé d’anses à muffles de lion maintenant en leur gueule une écharpe à passementerie nouée.En partie basse, soulignant sa silhouette d’inspiration Louis XVI se déploie entre deux volutes d’acanthe feuillagées, une sémillante guirlande fleurie. Sa panse, interrompue par le cadran et le mouvement, s’enjolive en façade d’un tendre trophée musical (tambour de basque, hautbois), de ravissants chérubins voletant, légers, au sein de nuées jaspées d’ondoyantes floraisons rubanées; au dos, parmi d’automnales futaies, surgit évanescent un séculaire castel.
Enveloppés de délicates guirlandes fleuries, douze cartouches chantournés en émail blanc rehaussé or, un chérubin voletant au-dessus d’amoureux attributs de jardinage (arrosoir, râteau, gerbe de blé et fleurs) peints en polychromie sur un fond de porcelaine nuagé ornent le cadran. Traité avec raffinement, il est à chiffres romains et signé: « H.Riondet/ Comptoir Général ».
– d’une paire de vase formant candélabres. Nantis d’une monture de bronze dorée similaire à celle de la pendule, ces derniers présentent cinq bras de lumières à enroulements d’acanthe feuillagés aux bassins, bobèches ourlés de motifs campanulés, de feuilles d’eau; un bouton flammé somme le fût central. Chacun sont sur leur corps décorés, au sein de médaillons ceints de feuillées, de courtoises scènes galantes (La tendre Offrande, La déclaration d’Amour), et de vaporeux paysages silhouettés d’architectures pittoresques (gentilhommière ou Ermitage, Temple d’Amour, pont) se mirant dans les eaux calmes d’un étang. Ces compositions picturales d’une grande dlicatesse de facture sont signées : » P.Phillipot », peintre sur porcelaine active sur la place parisienne dans les années 1880-1900.
Portée par deux pieds toupies alternés d’enroulements d’acanthe fleuronnés disposées en agrafe, une base ovalisée à ressauts ouvragée (godrons et piècettes, frise de postes) socle chacune des trois pièces de cette garniture de cheminée.
Cadran signé: « H.Riondet/ Comptoir Général »- Mouvement numéroté: 8929 et estampé sur la platine: « Comptoir Général/H.Riondet/ 9 Bd Poissonnières/ Paris »- Cachet de l’Horloger : « L.P Japy et Cie/ Hors Concours/1878 ».
Matériaux: bronze doré; faience émaillée et porcelaine peintes, rehauts d’or; émail et verre .
Dimensions: -Pendule: H.: 55; L.: 28; Pr.: 24 cm. -Candélabres: H.: 56,5; L.: 20×20 cm.
Paris, seconde moitié du XIXe siècle. Circa 1890. Travail néo-Louis XVI de la Maison parisienne Henri-Louis Riondet connue sous le nom de « Grand Comptoir Général- Bijouterie, Joaillerie- Horlogerie,-Bronzes d’Art et d’ameublement » sise 5-9, Bd Poissonnière (Magasins)-45 rue du Sentier (Ateliers) active entre 1876 et 1905.
D’une composition particulièrement recherchée, cette lumineuse garniture de cheminée convoque à elle seule l’esprit d’un XIXe siècle artistique se délectant autour des années 1880-1900 des « grâces et charmes » d’un XVIIIe siècle révolu.
Des ouvrages des frères Goncourt (L’Art au XVIIIe siècle, 1859-1870, La Femme au XVIIIe siècle, 1887) , de Robert de Montesquiou (Les Perles rouges, 1899) et Pierre de Nolhac (Le Château de Versailles au temps de Marie-Antoinette), au cadre de vie Louis XV-Louis XVI des hôtels (Hôtels de Yturbe, de Ganay, Duwen, Nissim de Camondo) villas ( des Vanderbilt, des Berwind à Newport), châteaux( des Champs, de La Rochefoucould-Doudeauville) construits ou restaurés par des architectes-décorateurs (Destailleurs, Sanson, Parent et Sergent) en passant par les toiles de François Flammeng, Madelaine Lemaire, Adrien Moreau, Maurice Leloir. , on évoque, recrée et rêve non sans nostalgie à l’univers enchanteur, raffiné mis en scène par Watteau, Boucher, sillonné par Me de Pompadour, la Du Barry, Marie-Antoinette…
Au sein des arts décoratifs, cet ensemble horloger marqué par un néo-Louis XVI « moderne de bon goût » auquel se marient sur fond idyllique de charmilles des scènes galantes traitées dans des teintes nuancées -à la manière tendrement suggestive des pastels-propose une séduisante « parcelle » de ce XVIIIe siècle oisivement rêvé. En sa présence, on songe aux Châteaux de Bellevue, de Bagatelle ou au Petit-Trianon.
Par sa qualité, son originalité, notre garniture-probablement commandée par un amateur de l’époque désireux de posséder une oeuvre peu commercialisée- impose également le nom d’Henri-Louis Riondet au sein des luxueuses Maisons de grande Horlogerie parisienne de la seconde moitié du XIXe siècle-, maison de renommée européenne prisée par une gent distinguée attirée par « ses vastes devantures artistiques achalandées de façon spectaculaire ».