Jeanne Soubourou (1879-1968), La Fée des Marais
Plaque circulaire en émail sur cuivre de Limoges
Décor Symboliste Art nouveau
Profil de femme envoûtante aux cheveux roux et aux algues vertes
Symbolisant la Fée des Marais également appelée Marie-Morgane
Signée Jane Soubourou et située à Limoges
Émaux polychromes à paillons d’or
Cadre d’origine en bois et bronze doré
Vers 1900
Diamètre de la plaque 10 cm
Notes portées au verso, comme le prix d’achat, 950 GBP en 2003 !
Jeanne Soubourou (1879-1968)
Jeanne Soubourou a fait ses études aux Arts Décoratifs de Limoges, dont elle sort diplômée en 1904. Elle expose au Salon des artistes français dès 1910, puis en 1912 au Salon des Artistes Décorateurs aux côtés de Paul Bonnaud et Camille Geanty. Elle est présente à l’Exposition de 1925 et se fait remarquer en 1926 par ses champlevés, tandis que la critique évoque sa collaboration avec la maison Barbedienne. Elle est réputée pour le tracé vigoureux et le chromatisme chatoyant qui marquent les champlevés dans lesquels elle excelle. Elle participe au renouveau de l’émail contemporain aux côtés de Léon Jouhaud.
les Marie-Morgane sont des fées d’eau semblables à des femmes, qui partagent la symbolique des sirènes, qui vivent uniquement près des côtes, et jamais en pleine mer, affectionnant les entrées de caverne, embouchures de rivière et autres marais et marécages.
Elles vivaient dans de somptueux palais dans lequels elles entraineraient leurs amants, pêcheurs ou marins, qui deviennent alors leurs prisonniers à jamais, mais jouissent de plaisirs infinis dans ces palais sous-marins, au point d’oublier leur vie terrestre.
Si le réalisme et l’impressionnisme sont en harmonie avec le mouvement de l’histoire, le symbolisme constitue, lui, une sorte de réaction, parfois un peu infantile, aux évolutions de la fin du 19e siècle. Le réalisme et l’impressionnisme avaient bousculé un certain conformisme esthétique afin de s’accorder au réel: ils voulaient montrer la vie des villes et des champs et toutes les émotions de l’époque telles qu’elles étaient vécues. Les progrès scientifiques et techniques rapides, le développement de l’industrie, l’exode rural et l’urbanisation vont entraîner la société de la fin du 19e siècle vers le monde nouveau que Chateaubriand avait déjà entrevu dans le dernier chapitre des Mémoires d’outre-tombe.
Le symbolisme est une réaction contre cette dominante technicienne et rationaliste. Il s’agit d’un courant littéraire et pictural pour lequel le monde ne doit pas se réduire à la réalité visible ni à la rationalité scientifique. L’artiste doit déchiffrer les mystères du monde et les expliciter sous forme de symboles littéraires ou picturaux. Dans le domaine de la peinture, le symbolisme naît à la fin des années 80 autour de thèmes jugés pleins de « mystères » : la mort, la sensualité, la religion, une certaine fascination pour le folklore et les cérémonies traditionnelles. Le symbolisme n’est pas toujours exempt d’un certain spiritualisme de pacotille. Mais ses initiateurs sont souvent de très jeunes gens qui cherchent à affirmer leur originalité en s’opposant à la pensée dominante : Bernard, Denis, Bonnard, Vuillard, Sérusier ont entre 20 et 25 ans à la fin de la décennie 80.
Sur le plan stylistique, le symbolisme reprend une idée d’Eugène Delacroix (1798-1863) qui considérait que la couleur peut être aussi expressive que descriptive.