Huile sur toile ovale mise au rectangle sous Louis-Philippe duc d’Orléans roi des Français. École française vers 1650, attribué à Louis Ferdinand Elle l’Ancien (1612 – 1689).
II s’agit de l’unique portrait peint du Chevalier de Guise, Roger de Lorraine. Jusqu’à ce jour, seule une gravure de Balthasar Moncornet (Bruxelles 1600 – Paris 1668) portait son image à la postérité (ill. 6). Notre peinture, conservée jusque-là au château d’Eu, provient des collections de la Grande Mademoiselle puis du roi Louis-Philippe par descendance.
Provenance :
– Anne Marie Louise d’Orléans (1627-1693), dite ‘”‘La Grande Mademoiselle””, duchesse de Montpensier et cousine du roi Louis XIV.
– Louis-Auguste de Bourbon (1670-1736), duc du Maine, fils légitimé du roi Louis XIV et héritier de la Grande Mademoiselle.
– Son fils, Louis-Auguste de Bourbon (1700-1755), prince de Dombes.
– Son frère, Louis-Charles de Bourbon (1701-1775), comte d’Eu.
– Son cousin germain, Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre.
– Sa fille, Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (1753-1821), duchesse d’Orléans.
– Son fils, Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850), duc d’Orléans puis roi des Français.
– Son fils, Louis d’Orléans (1814-1896), duc de Nemours.
– Son fils, Ferdinand d’Orléans (1844-1910), duc d’Alençon.
– Puis par descendance.
Notre portrait est présenté dans un exceptionnel cadre en chêne sculpté et doré d’époque Louis XIV avec un cartel en laiton portant l’inscription : Roger de Lorraine – Chevalier de Guise – 1624- 1653. Deux cachets de cire au dos.
Dimensions : 64 x 54 cm – 85 x 74 cm avec le cadre
Inscriptions au pochoir sur la toile au dos : CM pour Collection Montpensier (Anne Marie Louise d’Orléans duchesse de Montpensier (1627-1693) dite « La Grande Mademoiselle ») et “Roger de Lorraine / Chevalier de Guise, dernier fils de Charles de Lorraine, Duc de Guise et de Joyeuse et de Henriette-Catherine Duchesse de Joyeuse, de Montpensier et de Guise. Né le 21 mars 1624. Mort à Cambrai le 6 Septembre 1653.”
Louis Ferdinand Elle, dit Elle le Père ou Ferdinand II (Paris 19.07.1612 – Id. 12.12.1689), est le fils de Ferdinand Elle l’Ancien (1585-1637) né à Malines, peintre et graveur qui travaille à Paris comme peintre de portraits à la cour de Louis XIII. Formé par son père, Louis Ferdinand perpétue la tradition flamande du portrait ; ses personnages aux poses élégantes témoignent d’une nette influence de Van Dyck. Louis Ferdinand Elle se partage avec les Beaubrun les commandes des portraits du milieu des Précieux, transformant ses modèles en divinités, telle la Dame en Minerve (musée Grobet-Labadié, Marseille). Membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il y exerce la charge de professeur jusqu’en 1681, date de son exclusion comme protestant ; il sera réintégré après son abjuration cinq ans plus tard. Son fils Louis Ferdinand Elle le Jeune (1648 – 1717) poursuit la même voie.
Roger de Lorraine (1624-1653), Chevalier de Guise, est un membre de la Maison de Guise, branche cadette et Française de la Maison de Lorraine. A ce titre, la cour de France lui donne les honneurs dus aux membres des Maisons régnantes. Cadet des fils de Charles Ier de Lorraine, duc de Guise, comte d’Eu, et d’Henriette-Catherine de Joyeuse, dame de Joinville, il passe plusieurs années de son enfance à Florence, après que son père y a été exilé par le Cardinal de Richelieu en 1631. La grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine, fille du duc Charles III de Lorraine et de Claude de France, est une de ses parentes. Très jeune, il est fait Chevalier de Malte et en 1644, iI sert au siège de Gravelines.
En mars 1646, de retour d’un séjour en Toscane, il ramène Jean-Baptiste Lully chez sa nièce, Mademoiselle de Montpensier « La Grande Mademoiselle ».
Le 10 septembre 1649, le commandement de l’abbaye d’Eu est donné à Charles-Maurice Le Tellier, le frère de Louvois. Mais Roger de Lorraine fait grand bruit auprès du Cardinal Mazarin qui la lui avait promise, obligeant Le Tellier à démissionner avant même qu’il n’en prenne possession. Désormais en mauvais termes avec Mazarin, il part servir son cousin, le duc Charles IV de Lorraine, qui lui confie le commandement de ses troupes pendant la Campagne de 1653. Dans sa trentième année, il trouve la mort au siège de Cambrai, le 6 septembre 1653.
Le château d’Eu et sa collection de portraits historiques de la Maison de Guise : Au XVIIe siècle, après le décès de Catherine de Clèves (+1633), le comté d’Eu échoit à la famille de Joyeuse. En 1656, à la mort d’Henriette Catherine de Joyeuse (1585-1656), c’est sa petite fille, Anne Marie Louise d’Orléans (1627-1693), duchesse de Montpensier « La Grande Mademoiselle » qui hérite du comté d’Eu et de son château. Cette dernière ayant participé à la Fronde contre son royal cousin Louis XIV, elle est exilée de la Cour de France et c’est à Eu, en Normandie, qu’elle se réfugie après avoir quitté le château de Saint Germain. La Princesse aime immédiatement le château d’Eu et y séjourne fréquemment pendant ses années d’exil, y recevant son amant le duc de Lauzun, comme le confirment ses Mémoires.
La Grande Mademoiselle eut un rôle déterminant pour l’avenir de la bâtisse dont elle fit un château royal. Elle y ordonna d’importants aménagements dont la création du jardin en terrasse, à la Française, et du premier parc dont les murs d’enceintes subsistent toujours. Ceci sans parler de sa collection de tableaux historiques des princes de la Maison de Guise, dont le présent portrait faisait partie.
Siècle | 17ème Siècle |
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Style | Louis XIV |
Type d'Objet | Antiquités |