Séduisante pendule à poser composée d'un socle en marbre blanc statuaire aux formes architecturées serties d'un coffrage en bronze doré finement ciselé sur fond amati ou guilloché d'encadrements, canaux, frises perlées (oves, cabochons) ou feuillagés (tore de laurier grainé), de fleurons d'acanthe et chûtes de campanules. Piétement chantourné à décor ondoyant d'anthèmes, palmettes, enroulements et volutes de feuilles d'acanthe inspiré du Rocaille assagi d'époque Louis XV.

Ourlé d'une frise de rais-de-coeurs, le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains, les minutes par des graduations peintes en bleu.

Ce corps principal sert de piédestal  à un riant groupe en bronze à patine brune mettant en scène, sur une petite éminence rocheuse égayé d'un panier champêtre, de fleurs coupées -reine-marguerite, rose, ..allusion à la prodigalité des sentiments-,deux figures enfantines: d'un geste mutin, un garçonnet arbore devant le minois d'une fillette un brin de muguet-symbole de l'attachement; celle-ci feint de décliner timidement le badin présent de son tendre compagnon de jeux. Interprétation d'un sujet allégorique pérenne- "L'Amour séduisant l'Innocence"-, cette ingénue "composition de fantaisie" fait écho à " L"Enfant et l'Amour", comédie au succès retentissant créée en 1847 par Bayard pour le Théâtre des Variétés sis Boulevard Montmartre , non loin du magasin établi dès 1813 " Passage des Panoramas, au coin du Boulevard Montmartre" par le Fabricant et éditeur de bronzes d'art Cresson, signataire de cette divertissante pièce horlogère.

       Par son sujet empreint d'un galant enfantillage, cette pendule sciemment commercialisée par notre fabriquant de bronzes dut séduire noctambules dissipés ou flâneurs nantis assidus du Passage des Panoramas.

En ce haut-lieu de mondanités où officièrent aussi entre 1804-1840 les Frères Michel et Nicolas Susse s'établissaient les fortunes artistiques, se vendaient les "bibelots artistiques" produits par l'industrie du luxe parisienne alors en pleine mutation. A l'égal de ses homologues, Cresson, -successivement "Marchand de Bronzes" (1813), "Marchand de Curiosités, d'objets d'art" (1842), Fabriquant et Marchand de bronzes (1843-1856)- ,s'attacha à proposer auprès d' une clientèle raffinée de petits bronzes -dont la Négresse aux calebasses, dite aussi "Danseuse aux Coloquintes", 1837 de J.Pradier. Ces modèles, bien souvent déclinés en objets décoratifs tels que sujets de pendule, support de candélabres,encriers, presses-papiers, ...

     Le mouvement numéroté "711" porte une triple estampe: "Cresson/ A Paris" (fabriquant et éditeur de bronzes d'art), "Rodier/ A Paris" (Doreur et ciseleur, actif entre 1839-1850 à Paris, 19, rue Charlot) et "Japy Frères/Médaille d'or" (Horlogers). Donc, un gage de l'originalité de conception comme du soin apporté dans l'exécution de cette aimable et "charmante fantaisie".

 On se doit de la ranger parmi les pièces horlogères d'Esprit Régence caractéristiques de l'Epoque romantique et du Second Empire naissant, -périodes enjouées au cours desquelles les convivialités, les plaisirs de l'existence intriguent plaisamment  sous les auspices d'Eros.

S.-L.

-Mouvement d'origine révisé et en état de fonctionnement.

-Une notice descriptive et commentée ainsi qu'un bref essai sur l'Editeur et Fabricant de bronzes d'art Cresson ont été rédigés.