D' HUMEUR BOUDEUSE!- La Boudeuse, Groupe en marbre blanc statuaire de Carrare par Auguste-Louis-Mathurin Moreau (Dijon, 1834- Malherbes, 1917) figurant, assis sur un tertre rocailleux à décor de feuillages et roseaux, un garçonnet joufflu au visage rieur, étreignant tendrement une fillette dénudée, coiffée de nattes et saisie dans une attitude tout à la fois mutine et boudeuse. Ces deux enfants aux corps potelés sont présentés sur une haute base ovale formant socle mettant en valeur le charme incontestable de ce gracieux sujet anecdotique lequel campe, avec fraîcheur, une scène d'espiéglerie enfantine. Signé à l'arrière de la terrasse: Aug. Moreau. Non daté.

      -Indéniablement inspirée par les oeuvres dues aux ciseaux de François Duquesnoy, de Jean-Baptiste Pigalle, d'Etienne Falconnet, de Claude Michel, dit Clodion et, plus particulièrement de Jacques-François Saly (La Boudeuse, 1750) lesquels renouvellèrent au cours du XVIIIe siècle la vision portée sur la petite enfance, ce groupe à la naiveté retenue et souriante mettant en scène en quelque fictif environnement champêtre, deux enfants en train de badiner, illustre l'art séduisant et léger de ces notoires prédécesseurs. Epris des aimables évocations du siècle de Madame de Pompadour, nombre de statuaires (on citera entre autres, Benoit Rougelet, dit Bénédict, 1834-1894) s'y adonnèrent  avec jubilation.

Tout au long de sa foisonnante carrière, Auguste Moreau  aima à modeler, parallélement à des sujets à résonnance allégorique ou symbolique traités dans un style tout aussi gracieux et enlevé, ces motifs enfantins dont la vivacité et l'espièglerie furent encore appréciés dans les années 1900. Traités avec une facture alliant selon selon les critiques de l'époque, "naturalisme", "élégance sobre des lignes", " formes pures" et "modelé délicatement nuancé", ses "groupes enfantins, gracieux et souriants" furent de fait déclinés en des matériaux divers ( bronze, biscuit). Tout  comme au XVIIIe siècle, ceux-ci ornérent boudoirs  ou intérieurs feutrés de goût Néo-Louis XV alors trés en vogue.

Bien que non datée, cette oeuvre semble avoir été conçue et exécutée autour des années 1880- 1881: d'un modéle et d'une iconographie similaires sont le mutin Baiser  (marbre), ses exquis Enfants égarés (bronze) ou La Mutinerie et La Taquinerie (petits bronzes formant pendant) présentés au Salon des Artistes Français .

      -Fermement étayé par une construction pyramidale, ce groupe présente une composition marquée par la simplicité et l'harmonie.

La nudité naive de ces corps aux formes pleines, le pivotement ingénieux des bustes, l'entrelacement souple et tendre des jambes, des bras, la précisité enjouée des gestes, la douceur des visages sont avivés par le traitement sobre des détails comme par le recours à un modelé franc orchestrant la composition en de larges surfaces, laissant de la sorte glisser la lumière. La translucidité douceureuse  propre au marbre de Carrare participe à l'effet de gaîté et de fraîcheur recherché pour cette scène enfantine traitée avec élégance et subtilité.

-Trés bel Etat.

 -Une notice descriptive et commentée  de cette oeuvre ainsi qu'une biographie de l'artiste  complétées de références bibliographiques ont été rédigées.