Coffret ou Cave à liqueurs en bois noirci de forme rectangulaire à façade légèrement mouvementée habillée sur fond ébonisé d'un décor marqueté de filets, fleurettes en laiton, bandeaux fleuronnés à cailloutis de burgau et semis mouchetté de nacre centré d'un cartouche gravé de goût Rocaille.L'abattant démasquant un intérieur en placage de ronce d'acajou avec cabaret à liqueurs amovible. Portant en bronze doré ciselé sur sa prise de motifs de coquille brisée et tige fleuronnée. Garniture d'origine complète en cristal gravé composée de quatre carafons à bouchons facettés et de seize petits verres à pieds gravés à motifs de festons de guirlandes feuillagées, fleurettes, chûtes campanulées, frises de frettes et de chevrons. Un piétement à profil incurvé rehausse ce peit "meuble à main" particulièrement à la mode sous le Second Empire. Serrure à écusson. Avec sa clé.
Paris, Seconde moitié du XIXe siècle. Epoque Napoléon III. Circa 1860.
-Coffret vernis au tampon par notre ébèniste. Bel état.
Au côté de cette constellation de boîtes en bois ou en écaille, parfois ostentatoirement décorées de porcelaine dans le Goût de Sèvres, de nacre, d'ivoire, d'émaux champlevés, de cuivre, de bronze ou d'argent, garnies de soies opalines ou d'éclatants velours, les Coffrets ou Caves à liqueurs constituèrent l'un de ces incontournables "Meubles à main" dont la société du Second Empire aima à s'entourer de façon quasi -compulsive.
Apanages d'une caste sociale aisée, préconisées comme luxueux et bienséant présent de mariage, les Caves à liqueurs-chiffrées ou armoiriées- pénétrent dans nombre d'intérieurs bourgeois de l'époque: dans les Grands ou Petits-Salons, posées sur une cheminée, une enfilade, une commode, une table- volante, elles deviennent un des des objets de décoration majeur des espaces de reception ménagés dans tout appartement parisien ou demeure de villégiature.
Dès 1844, le rapporteur de l'Exposition des Produits de l'Industrie française énonçait en ces termes leur impérieuse "nécessité": "A côté des meubles d'appartement viennent se placer des objets de petites ébénisterie destinés à des usages secondaires, et le plus souvent sans usage. Ce sont les corbeilles de mariage, les jolies boîtes de diverses grandeurs selon qu'elles doivent contenir des châles, des gants, des rubans ou des manchettes, les caves à liqueurs, les coffrets à ouvrage et ces articles de fantaisie destinés à l'ornement de la toilette. (...) Tous ces riens occupent souvent dans nos appartements des places importantes".(Exposition des produits de l'industrie française en 1844, Rapport du jury central, Paris, p. 115).
A l'instar de la gente de l'époque, laissons-nous donc tenter par cette Cave à liqueurs dont l'élégant coffre ébonisé se diâpre,telle une fine dentelle aux ajours ouvragés de sequins, de perlés, d'une délicate marqueterie irisée de burgau, de nacre,-deux matériaux privilégiés par les arts décoratifs du Second Empire.
La clé tournée, l'abattant soulevé, les parois entr'ouvertes, le Cabaret libéré, cet ingénieux petit meuble à la présence flatteuse se fera porteur de délicats et raffinés plaisirs olfactifs comme gustatifs.
(Extraits de la notice rédigée)
S.-L.