Huile sur panneau de peuplier.
Notre composition est une peinture d’autel qui met en scène les principaux protagonistes de la Crucifixion à l’exclusion du Christ. Ce qui en fait une œuvre d’une grande rareté sur le marché de l’art.
Même si le sujet existe dès le Moyen Âge et que certains artistes comme l’espagnol Miguel Ximénez vers 1483 ou le vénitien Jacopo Robusti (Le Tintoret) vers 1560 ont réalisé leur Adoration de la Croix, celles-ci mettaient en scène divers saints et donateurs mais pas les personnages les plus proches du Messie. L’iconographie avait alors pour vocation d’affirmer l’idolâtrie pour l’objet qui devint le symbole du martyre du Christ.
Pour notre peinture, c’est l’idée de l’omniprésence de Jésus, d’une certaine permanence, qui est illustrée. Le soleil et la lune anthropomorphes évoquent le regard bienveillant du Fils du Créateur, le jour comme la nuit. Et comme pour renforcer le caractère universel de l’œuvre, le titre « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » est inscrit sur le feuillet au sommet de la Croix dans les trois langues anciennes (hébreu, grec et latin).
Les influences du « peintre des Grâces » Francesco Albani sont perceptibles dans la douceur des personnages dont les carnations rappellent la porcelaine, ou dans la manière de poser des amours bienveillants sur des nuées. Baignés dans la lumière, Marie, Madeleine et Jean se détachent d’un ciel menaçant et l’intensité des couleurs de leurs étoffes donne une vibration toute particulière à notre œuvre, sublimant un esprit intimement bolonais. Peut-on y voir l’œuvre du brillant disciple de L’Albane, Andrea Sacchi (1599 – 1661) ?
Présenté dans son cadre en bois sculpté et doré fabriqué sur mesure postérieurement.
Dimensions : 112 x 55 cm – 135 x 87 cm avec le cadre
Francesco Albani dit l’Albane (Bologne 17.03.1578 – Id. 04.10.1660) est un des nombreux disciples du peintre flamand Dennis Calvaert (1540-1619) établi à Bologne. Dans l'atelier de son maître, l’Albane rencontre Guido Reni (1575-1642) et tous deux collaboreront régulièrement avec les Carrache. Dès 1600, il rejoint Annibale Carracci à Rome qui le sollicite pour la réalisation des fresques du Palais Farnese. L’immense artiste qu’est Annibale le considère comme son assistant le plus talentueux. Peintre prolifique, Albani exécute d'autres fresques à Rome, au Palazzo Mattei di Giove, au Palazzo del Quirinale avec Guido Reni, dans l'église Notre-dame-du-Sacré-Coeur ou encore à Sainte-Marie-de-la-Paix. Ses œuvres ont largement contribué à la diffusion de la peinture bolonaise à Rome.
Au sein de l’école bolonaise, Francesco Albani développe son propre style et est particulièrement apprécié pour ses scènes mythologiques qui se déploient dans d’amples paysages. Ses peintures ornent les palais et les églises de Bologne et de Rome, mais également de Mantoue ou de Florence.