Eugène-Ernest HIOLLE (Paris,1834- Bois-le-Roi,1886), Jeune Femme au papillon ou Psyché , circa 1875.
Buste sur piédouche en bronze à double patine brune et dorée figurant,enveloppée d'une fine étoffe dévoilant une gorge, un bras bijoutés, les cheveux remontés en un ondulant chignon piqué de fleurettes, la tête altière sensiblemet inclinée, Psyché maintenant entre ses doigts en un geste délicat un papillon aux ailes entrouvertes. Souriante, attendrie,la jeune femme semble absorbée dans la contemplation de sa nature féminine (la légèreté, le ravissement , la fugacité de l'amour),de son propre symbole (l'âme éthérée, immortelle) .
Signé au dos en lettres cursives : "hiolle", suivies de la mention insculptée: "2 Gd M (édaille)"- Sur le piédouche, numéroté: "1931".
Fonte ancienne de la seconde moitié du XIXe siècle
Vivifiée par un sentiment délicat, cette oeuvre menue à la grâce particulièrement captivante illustre l'esthétique de beauté formelle à laquelle s'attacha au cours de sa brillante carrière artistique Eugène-Ernest Hiolle. Dans son modelé tout à la fois précis et nuancé en parfaite harmonie avec la douceur des lignes, l'attitude calme et sereine, l'expression réservée se retrouvent les qualités plastiques de ce sculpteur "hors pair, solide et gracieux à la fois"" doté, selon le salonnier Jules Clarétie (L'Art et les artistes contemporains, 1875-1876), d'un "talent très élègant", "d'une légèreté, d'une finesse très remarquables".
Au sein de la cohorte de Psyché sculptées dont le thème emprunté à la mythologie gréco-latine connut une vogue sans précédent dans l'art européen autour de 1800 et tout au long du XIXe siècle auprès des sculpteurs d'obédiance "néo-classiques" ou "néo-baroques", la Jeune femme au papillon conçue par Hiolle brille d'une grâce toute florentine. Non sans évoquer l'art de Jean Goujon (1510-1567) ou s'affilier aux Psyché respectivement excécutées en 1797 et 1824 par Antonio Canova (1757-1822), James Pradier (1790- 1852) (Paris, Musée du Louvre, Inv. MR 1776 et CC 8), celle-ci s'anime d'une touche maniériste- étoffe glissant de l'épaule,inclinaison de la tête, gestuelle précieuse, pudique de la main, du bras replié sous la poitrine, parure, coiffure méticuleusement arrangée-, qui en tempère l'inaltérable beauté.
Eugène-Ernest HIOLLE (Paris, 5 mai 1834- Bois-le-Roi, 5 octobre1886)-
Cité dans maints ouvrages référentiels, Eugène-Ernest Hiolle fut considéré de son vivant comme l'un des membres émérites de l'Ecole française de Sculpture. A l'instar de Jean-Joseph Perraud, Pierre-Alexandre Shoenewerk,Fréderic-Etienne Leroux,Raymond Barthélémy ou de Paul Dubois, Antonin Mercié, son oeuvre reléve pleinement d'un courant esthétique revendiquant la beauté formelle, attachée à la tradition de grâce et d'élégance formatée par la statuaire de la Renaissance italienne.
Lauréat du Prix de Rome en 1862 (Aristée pleurant ses abeilles), cet éléve à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris de François Jouffroy (1806-1882) livre toute l'étendue de son talent avec son Narcisse et Arion assis sur un dauphin datés de 1868. Louées pour leur ampleur poétique, leur "mâle élégance", ces compositions distinguées d'une Médaille d'or et médaille d'honneur au Salon de 1870 établiront la réputation de l'artiste. En 1878, une seconde Médaille d'honneur (L'Amérique du nord, Parvis du Musée d'Orsay) lors de l'Exposition Universelle consacrera cet "artiste sincère, laborieux et passionné" familier de la scène artistique parisienne (nombreux bustes, sujets d'inspiration antique ou statuettes en marbre ou bronze présentés lors des Salons des Artistes Français). Sollicité par les institutions étatiques, il contribuera entre 1874-1885 à la statuaire monumentale et décorative de son époque tant dans la capitale:-Saint-Jean de Matha (Panthéon ),L'instruction et le Travail (fronton de l'Hôtel de Ville),La Peinture (Louvre), La Renommée l(Opéra)- qu'en province - La ville de Cambrai (fronton de l'Hôtel de ville), Carpeaux (Valenciennes), Le général Lafayette (Le Puy), Nicolas Poussin (Rouen).
Artiste "solide et gracieux tout à la fois et, dont l'Arion restera" (J.Clarétie, 1875), Eugène-Ernest Hiolle fut élévé au grade de Chevalier de la Légion d'honneur en 1873.